La e-cigarette, un ami qui vous veut du bien ?

Dans une étude* publiée cette semaine dans la revue médicale Annals of Internal Medicine, des chercheurs britanniques viennent de démontrer que la cigarette électronique était moins toxique que la cigarette combustible classique, apportant une pierre à l’édifice de ceux qui prônent l’utilisation de ce dispositif pour accompagner les fumeurs vers l’arrêt du tabac.

Diminution des taux de substances toxiques et cancérigènes

Ici, les chercheurs ont mené une étude non pas en laboratoire, mais sur de véritables fumeurs. « C’est la première fois que nous disposons d’une étude menée en conditions réelles, avec de vrais fumeurs », se réjouit le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière et auteur du livre Le plaisir d’arrêter de fumer(éd. First). Les scientifiques du département d’épidémiologie et de santé publique de l’University College de Londres ont relevé, chez des fumeurs ayant abandonné depuis six mois le tabac pour la cigarette électronique, une diminution « significative » de la concentration de produits toxiques et cancérigènes dans leur organisme, par rapport aux concentrations relevées chez les fumeurs.

Les chercheurs ont notamment relevé que le taux de nitrosamines, des substances cancérogènes impliquées dans le cancer du poumon, est réduit de 97 % chez les vapoteurs exclusifs par rapport aux fumeurs de cigarettes « combustibles ». « Cela confirme que la e-cigarette est bien plus propre que la cigarette classique en termes de toxiques », souligne le Pr Ivan Berlin, maître de conférences universitaire et praticien hospitalier au département de pharmacologie à la Pitié Salpêtrière. Pour son confrère, le Pr Dautzenberg, « cela permet de balayer ces croyances infondées selon lesquelles la cigarette électronique serait nocive ».

Pour parvenir à ces résultats, ils ont recherché la présence des principales substances toxiques du tabac en étudiants des échantillons d’urine et de salive des 181 fumeurs participants à l’étude. Ils ont été répartis en cinq groupes égaux : les fumeurs de cigarettes classiques, ceux qui fument tout en utilisant des substituts nicotiniques (patchs, gommes à mâcher), ceux qui combinent cigarettes classiques et électroniques, ceux qui ne fument plus et n’utilisent que des substituts nicotiniques et enfin, les vapoteurs exclusifs.

Accompagner l’arrêt du tabac

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs britanniques ont par ailleurs montré que la cigarette électronique délivre un taux de nicotine équivalent à celui de la cigarette classique. Ils ont aussi noté que les taux de substances toxiques et cancérigènes relevés chez les fumeurs combinant tabac et cigarette électronique sont similaires à ceux relevés chez les fumeurs exclusifs de tabac. « Cela montre que le double usage cigarette électronique et tabac n’a aucun intérêt sur le plan toxique, concède le Pr Dautzenberg. Mais cette combinaison peut cependant avoir des effets positifs si elle permet d’accompagner le fumeur sur le chemin de l’arrêt du tabac ».

Mais à ce jour, si certains tabacologues et addictologues ne contre-indiquent pas l’usage de la cigarette électronique à leurs patients, ils ne peuvent toutefois pas le recommander au même titre que les substituts nicotiniques. « Faute d’étude rapportant la preuve de l’efficacité de la cigarette électronique dans l’arrêt du tabac, ce dispositif ne peut être considéré comme un médicament que les professionnels de santé prescrivent à visée thérapeutique à leurs patients qui souhaitent arrêter de fumer, confirme le Pr Ivan Berlin. Nous manquons également de données sur l’effet de la cigarette électronique sur le très long terme sur la santé cardio-vasculaire des fumeurs notamment, même s’il est fort probable que, sur ce terrain-là également, les risques de la e-cigarette soient nettement plus faibles que la cigarette classique ».

Article 20minutes.fr